Du pétrole – l’or noir – à la donnée – l’or transparent

[Cet article rédigé par David Fayon provient d’Océan Bleu 2020, que vous pouvez retrouver sur la page des téléchargements.]


Le volume des données produites croît à un rythme exponentiel et double tous les trois ans, c’est-à-dire grosso modo toutes les deux « lois de Moore ». Jadis structurées dans des bases de données relationnelles, elles évoluent à côté d’une proportion toujours plus forte de données non structurées. Nous parlons de big data pour cette profusion de données de toutes origines (réseaux sociaux, smartphones, applications de réalité virtuelle, objets connectés) qui ont des potentiels d’usages considérables.

Un big data nécessitant de fait de l’intelligence artificielle pour produire encore plus de valeur, mais générant aussi de nouvelles complexités qui conduisent à l’apparition de nouveaux rôles en entreprise comme celui de data scientist.

 

La donnée au centre de plus en plus d’enjeux

Les GAFA, organisations dont le modèle est construit sur la donnée, ont bien compris l’enjeu en anticipant les souhaits de l’internaute et en lui proposant le service ou le produit dont il est susceptible d’avoir besoin ou envie à un instant donné (le fameux ZMOT – Zero Moment Of Truth utilisé dans le marketing sur le web). Malgré des classifications d’informations (par exemple confidentiel, secret, etc.), avec le big data, de plus en plus de données sensibles sont partagées à tort par le personnel avec l’extérieur, ce qui peut causer préjudice. Que dire de celles qui n’ont pas identifié leurs données !

Pour autant, l’augmentation de demandes d’ouvertures de données impose de sélectionner des données pour être partagées par l’entreprise. Ce qui peut être réalisé grâce à des plateformes avec des APIs ouvertes. On parle alors d’open data. Celles-ci permettent à un écosystème de se greffer autour pour produire des services externalisés qui bénéficient à tous.

Cette porosité autour de la donnée appelle la mise en place d’une gouvernance de la donnée structurée et non structurée au sein des organisations.

 

La profusion de données génère un changement culturel et organisationnel

Il devient important de définir des règles d’utilisation des données au sein de l’entreprise qui est ouverte vers le monde extérieur (usages nomades des collaborateurs, télétravail récemment accentué en période de Covid-19, coopération avec des clients, partenaires ou fournisseurs, etc.).

La fiabilité de la valeur des données contextualisées permet d’optimiser des services ou d’améliorer le pilotage par exemple, mais aussi de réduire les coûts de non-qualité.

Les problématiques à adresser sont par exemple :

  • La sécurité des données (confidentialité, intégrité, disponibilité et imputabilité) ;
  • La traçabilité des données, la version le cas échéant ;
  • Sa conservation qui peut être à valeur probante ou comme patrimoine de l’entreprise ;
  • Les règles de saisie des données ou de génération (par exemple automaticité avec des capteurs qui alimentent les systèmes d’information de l’entreprise) ;
  • Les procédures de correction ou de retraitement des données, la chasse aux doublons ou aux données obsolètes ;
  • Le stockage des données (en local, dans le cloud, dans des zones tampons) ;
  • Les outils associés.

En outre le régulateur devient de plus en plus présent (par exemple RGPD ou encore DSP2 dans le domaine bancaire).

En interne, une prise de conscience peut passer par la rédaction d’une charte, d’évolutions de schémas de la cartographie des systèmes d’information de l’entreprise en intégrant la logique des flux de données (métadonnées, datalake), des formations pour accompagner la prise de conscience des changements induits et les usages.

La donnée est le carburant de la transformation digitale

La transformation digitale repose sur 6 leviers que sont la stratégie, l’organisation, le personnel, l’offre, la technologie et l’innovation, l’environnement, comme décrit dans le livre Transformation digitale 2.0[1] avec le modèle de maturité numérique DIMM associé. Pour évoluer vers plus d’agilité, passer d’une organisation en silos à une organisation en mode collaboratif et apprenante :

  • Dans un premier temps, il est important d’avoir une gouvernance de la donnée qui permet une utilisation maîtrisée du cloud, du big data, de l’open data, etc.,
  • Dans un second temps, la mise en place de socles pour développer les usages avec des services associés s’appuie alors sur des APIs.

Concrètement il s’agit d’un cortège d’ouverture vers des tiers qui apportent de la valeur aux plateformes développées : par exemple, inclusion de services d’interaction comme des moyens de paiement (carte bancaire, smartphone) qui est l’objet d’un indicateur du modèle DIMM. Ce peut être également l’exploitation des données pour faire évoluer l’offre en temps réel qui est l’objet d’un autre indicateur.

Une prise en compte de la maturité numérique sur ces indicateurs parmi d’autres permet d’intégrer véritablement la donnée comme carburant de la transformation digitale.

 

Le futur des organisations devient datacentrique

Les organisations ont évolué pour faire du 1 to 1, être orientées vers le client, offrir une symétrie des attentions entre les clients et le personnel. La donnée revêtira une valeur croissante, la qualité et la véracité seront recherchées.

Le discernement de signaux faibles dans les données nécessitera à la fois des algorithmes et des intelligences artificielles puissants couplés à une analyse humaine, mais aussi l’identification de l’information pour connaître ce qui est pertinent, ce qui a de la valeur, ce qui doit être protégé, etc.

La multiplication des capteurs, le développement de la smart city consommatrice de big data et du point de vue du réseau, la cohabitation entre l’Internet des objets et ses standards et la 5G nécessitera des évolutions d’ordre juridique (le RGPD est un exemple actuel), dans les habitudes (géolocalisation, droit à la déconnexion ou à la non-production de données pendant des laps de temps).

Ainsi arrive un nouveau contrat social entre l’Homme, les écosystèmes dans lequel (entreprise, loisirs, etc.) il évolue et plus généralement la société. Un contrat peut être plus éthique, plus durable, demandant à ce nouvel or du XXIe siècle à avoir plus de transparence, plus de gouvernance.

[1] Pearson, juin 2019. David Fayon et Michaël Tartar

 

 

David Fayon – Conférencier, auteur de nombreux ouvrages sur le numérique dont Transformation digitale 2.0 

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